Mères générales

Index de l'article

 

Biographie de nos supérieures générales

La Congrégation tout au long de ses plus de trois cents ans a eu 19 supérieures générales, comptant depuis Marie Poussepin, notre Fondatrice :

LA COMMUNAUTÉ DE SAINVILLE AVANT LA REVOLUTION FRANÇAISE
 
 
APRÈS LA REVOLUTION FRANÇAISE : RECONSTITUTION DE LA COMMUNAUTÉ À JANVILLE (1803), 
ÉTABLISSEMENT À TOURS (1813) ET
EXPANSION DE LA CONGRÉGATION EN FRANCE
 
 

GENERALAT DE MÈRE ST. PIERRE   

 
EXPANSION DE LA CONGRÉGATION DANS LE MONDE
 
 
APRÈS LE CONCILE VATICAN II
 
 
ÉPOQUE CONTEMPORAINE
 
  • 1994-2004: Hermana María Fabiola Velásquez Maya
  • 2004-2014: Soeur Monique Colrat
  • 2014-: Soeur Maria Escayola Coris
La rigueur historique ne nous permet pas encore d’écrire l’histoire de ces généralats.

 

MÈRE AGNÈS REVERS († 1765 à Sainville)

- 1744-1762 -

 

Le 2 février 1744, huit jours après la mort de Marie Poussepin, Mgr de Mérinville, évêque de Chartres, proposa d'office au gouvernement des Filles de la Charité de Sainville la Mère Agnès Revers. Petite cousine de Marie Poussepin, elle est née à Linas (Essonne) le 13 novembre 1682. Elle avait environ 13 ans quand elle suivit notre Fondatrice à Sainville et fut l'une des premières pensionnaires de la communauté naissante. Durant 50 ans elle vécu aux cotés de Marie Poussepin dont l'influence fut sans doute prépondérante sur sa formation.

Sa signature apparaît pour la première fois en 1711. Par la suite, on la retrouve souvent comme déléguée de Marie Poussepin pour témoigner aux décès des sœurs à Sainville. Avec l'accroissement de la communauté et l'augmentation des charges inhérentes au gouvernement, il semble que Marie Poussepin se soit réservée l'animation et les tâches spirituelles, tandis qu'Agnès Revers va la seconder activement dans les tâches matérielles et certaines démarches administratives. En 1731 elle est dite "sous prieure".

Elle fut une femme énergique, qui sut préserver et compléter l'œuvre de Marie Poussepin. A l'intérieur, elle acheva l'édification du Couvent. Fit creuser des citernes dans le jardin de la Communauté. Y construisit un berceau en fer forgé et en 1759, prolongea la maison Nord-Sud. A l'extérieur, elle consolida les établissements existant et en augmenta le nombre par les fondations de : Chatou (1746). Rozay en Brie (1749). Mauregard (1753). Faremoutiers en Brie (1754). Chaussy et Richebourg (1760). Courtry (1762) et Courpalay.

Elle déposa la charge en 1762 et mourut le 11 décembre 1765 à Sainville où elle fut inhumée à coté de notre Mère Fondatrice.


 

MÈRE LA CROIX († 1801 à Janville)

- 1762-1792 -

 

Jeanne BOUE naquit à Rouvray Saint Denis, village de Beauce situé à quelques kilomètres de Janville, le 22 mai 1722. On ne sait rien de son enfance et de son adolescence. Une simple mention fait apparaître son nom dans les archives de la communauté en 1738. Elle est agrégée au Corps de la communauté en 1740. En 1755, elle se trouvait à l'Hôtel Dieu de Joigny. En 1760, elle est associée au gouvernement de Mère Agnès Revers avec le titre de coadjutrice. Elle lui succède comme supérieure générale, le 21 novembre 1762.

Durant son généralat elle opèrera un assez grand nombre de fondations : 1765, Saint Florentin. 1773, Villeneuve le Roi. 1775, le Boulay d'Achères et Châtillon sur Loing. 1881, Nanteau sur Lunain. 1784, Blandy. Boulogne sur Seine et en 1792, Lorris. Elle procède aussi au retrait des sœurs de l'Hôtel Dieu d'Angerville. Dans tous ces postes Mère La Croix s'attache à obtenir, des administrateurs, des contrats en règle, dans un souci d'ordre et de justice. En fidélité à l'Intuition première elle conduit l'institut d'une main ferme et sure, conservant à la communauté son tempérament robuste et sain.

Hélas ! Ce généralat traverse une des périodes les plus sombre de l'Histoire de France : La Révolution de 1789. La fin de l'hiver 1793 voit la fuite de la communauté et l'abandon du Couvent de Sainville qui sera vendu comme bien national en 1796. Dans les autres postes, selon les possibilités, les sœurs continuent leur service de charité. C'est le cas particulièrement à Janville où Mère La Croix se réfugiera après son départ de Sainville. De là, en collaboration avec l'Abbé Granger, curé de la Paroisse, elle préparera la reconstitution de la Congrégation. Décédée, subitement, le 16 mai 1801, elle n'aura pas la joie de voir le fruit de son labeur.


 

MÈRE AUGUSTIN († 1809 à Janville)

- 1803-1809 -


Geneviève CHAINTREAU est née à Puiseaux (Loiret) le 30 août 1736. Elle a probablement été à la petite école des sœurs de Sainville présentent en ce lieu. En 1765, on la trouve comme supérieure à l'Hôtel-Dieu de Saint Florentin où elle y demeure jusqu'en 1777, date à laquelle on la rappelle à Sainville. A la fin de la Révolution, au moment du décès de Mère La Croix, elle est à l'Hôtel-Dieu de Janville où elle fait fonction d'administratrice provisoire de la communauté. Son nom figure parmi les trois proposés, par l'Abbé Granger, aux suffrages des sœurs convoquées pour un chapitre de reconstitution. Le 21 novembre 1803, elle est élue 4ème supérieure générale de la Congrégation. Après un premier triennat elle sera reconduite dans sa charge le 3 juin 1807. Au cours de cette année, aidée de M. Granger et malgré des difficultés internes, elle intéresse Madame Mère de l'Empereur à la renaissance de la Communauté. Le 30 septembre 1807, sœur Pélagie représente la Congrégation au Chapitre général des Sœurs de Charité, convoqué par l'Empereur. Elle revient avec un secours matériel de 15.000 livres pour l'acquisition de la Maison Rose occupée par la communauté.

Mère Augustin doit manifester beaucoup de fermeté dans cette reprise difficile car les dix ans de dispersion ont altéré la discipline et l'esprit religieux. Elle arrive à faire accepter les privations inhérentes à la grande pauvreté due aux circonstances et renoue avec les anciennes administrations. Peu à peu des vocations se présentent.

Bien qu'avançant en âge, Mère Augustin continue sa tâche, recevant et formant des novices. Elle retrouve d'anciens établissements tels que Richebourg et Chilly. En 1809, elle en ouvre de nouveaux à Villers-Cotterêts, Clairvaux et Blérancourt. Elle inaugure un nouveau type de fondations : les dépôts de mendicité.

Quatre mois après M. Granger qui succombe à la tâche le 20 avril 1809, Mère Augustin s'éteint à son tour en pleine activité. Elle a 73 ans. Par une singulière coïncidence, le jour même de ses funérailles, le 12 août 1809, Mgr. de Barral, Archevêque de Tours, arrivait à Janville. Il venait solliciter des Sœurs pour l'hôpital général de sa ville.


 

MÈRE POTENTIENNE († 1817 à Tours)

- 1809-1816 -

Mère PotentienneMère Potentienne

Pour remplacer Mère Augustin, le chapitre du 20 septembre 1809 élit la Supérieure de Lorris, âgée de 66 ans, Mère Potentienne. On ne sait rien de l'enfance, ni de l'entrée au noviciat de Jeanne ROUSSE, née à Dampierre les Conflans, en Haute Saône, le 31 mars 1743. L'histoire conserve de son séjour à Lorris, un souvenir de dévouement aux malades et de grande hospitalité.

Elle n'était pas présente au Chapitre. A la nouvelle de son élection elle eut une grande hésitation devant un fardeau si lourd à son âge. Elle accepta sur l'insistance de l'Evêque de Versailles, en se répétant les paroles qui deviendront légendaires : " La divine Providence nous viendra en aide" et " Dieu soit béni de tout ". C'est ce qu'elle aimait à redire dans les évènements heureux ou malheureux.

Cette aide se manifesta en la personne de M. Evette, successeur de M. Granger. L'époque était encore bien difficile. L'état financier de la communauté était précaire. L'extrême détresse n'était pas faite pour calmer certains esprits agités, portés à juger sévèrement l'administration, n'ayant accepté qu'à contre cœur le choix de Janville comme chef-lieu.

En janvier 1810, elle convoque un chapitre, pour étudier la situation et chercher les moyens de l'améliorer. Elle obtient les pouvoirs pour avancer les travaux de construction et d'aménagement de la maison commencée par Mère Augustin. Mais, très vite, elle fut convaincue de l'insuffisance des bâtiments et de leur incommodité à l'usage qu'on voulait en faire.

Par ailleurs, elle n'hésite pas à étendre l'action caritative de la communauté. En novembre 1809 elle envoya sept sœurs à l'hospice général de Tours, sous la direction de Sr. Thècle. Quelques mois plus tard, la Commission administrative encouragea la création d'un noviciat sur place. Bientôt, sœur Suzanne remplaça sœur Thècle comme supérieure de la communauté et comme maîtresse des novices. Parallèlement, elle complète des maisons existantes comme Villers Côtterets ou Saint Florentin et fonde Lailly en 1810 ; Villeneuve sur Yonne en 1812, Luçon et Villeneuve sur Lot en 1813.

Le 19 janvier 1811 fut signé par Napoléon 1er le décret approuvant les statuts de la Congrégation des SŒURS DE CHARITE, PRESENTATION DE LA SAINTE VIERGE DE JANVILLE. Cet acte important assurait l'avenir de la communauté et Mère Potentienne en exprima son action de grâces dans une louange à la Sainte Trinité, écrite dans un registre de communauté. L'Institut comptait alors 78 religieuses, et entre 1809 et 1813, on reçut 46 postulantes et 26 novices. Mère Potentienne les formait aux vertus solides, à l'humilité, à l'esprit fraternel, à la communion des âmes. Elle rayonnait surtout d'une inébranlable confiance en la Providence.

Au cours de son deuxième triennat, Mère Potentienne eut à prendre une décision grave : la question du transfert du chef-lieu de la Congrégation. Munis des consentements de l'Evêque de Versailles, de qui dépendait Janville, de l'Archevêque de Tours et de Madame Laetitia, Mère Potentienne put faire l'acquisition d'un immeuble à Tours, sur la paroisse Notre Dame la Riche et la communauté se transporta en touraine. Un décret du 14 août 1813, signé Marie Louise, confirma l'autorisation. Mgr. de Barral donna comme supérieur ecclésiastique l'un de ses plus éminents vicaires généraux : M. Danicourt.

Dès août 1814, Mère Potentienne poursuivait les fondations : Sens, sous la direction de la sœur Pélagie, et Neuvy le Roi très vite suivie de Ballan. Puis, Amboise en 1816. Après avoir doté la Maison Mère d'une chapelle, Mère Potentienne songea à fonder un établissement où les sœurs recevraient, à côté de leur formation spirituelle, une qualification professionnelle aussi complète que l'exigeait leur état. Elle acheta une maison contiguë au noviciat afin d'y établir un petit hôpital en même temps qu'une école d'application aux soins infirmiers. Elle n'aura pas la joie de voir la réalisation de ce projet. Agée de 73 ans et très fatiguée, elle démissionna au chapitre du 16 septembre 1816. Elle acheva à la Maison Mère, dans ce quartier du faubourg La Riche, une vie toute de dévouement et de prière. Elle mourut le 4 mai 1817. Son souvenir est resté très vivace, au point qu'une véritable légende s'est formée autour de son nom, tant à Lorris qu'à Tours. Une tradition rapporte que son corps inhumé au cimetière de la Riche, n'aurait point été altéré par la corruption.


 

MÈRE ADÉLAÏDE († 1822 à Châtillon sur Loing)

- 1816-1821 -


Marie Anne Catherine COMBIER est née à Puiseaux (Loiret) le 3 septembre 1752. Enfant, elle fréquenta la petite école que les sœurs de Sainville tenaient à Puiseaux depuis 1733. Entrée au noviciat vers 1772, elle travaille comme "gouvernante" des malades à l'Hôtel Dieu de Toury. En 1777, Mère La Croix l'envoie à Châtillon sur Loing. A partir de 1785 elle y assure la direction des écoles, après avoir passé avec succès le certificat pédagogique exigé par le Duc de Châtillon. C'était une sœur aimable et intelligente que la population de Châtillon appréciait comme "une âme de bien".

En 1793, sur requête des autorités révolutionnaires, Mère Adélaïde accepta la direction temporaire de l'Hospice de Montargis situé à quelques Kilomètres de Châtillon. Quand elle put remettre la direction de cet établissement à une laïque, elle reprit la vie commune à Châtillon. En l'an VI (1798) elle fit un court séjour à Puiseaux en compagnie de Sœur Augustin. Puis jusqu'en l'an IX (1801) elle exerçât des fonctions hospitalières à Richebourg. Une fiche de signalement de l'époque la décrit assez grande : "1m62, cheveux châtains, yeux gris et le visage marqué de la petite vérole" (varicelle).

Sœur Adélaïde avait repris son service à Châtillon lorsque le chapitre du 16 septembre 1816 l'appela à la première charge de la Congrégation. Elle avait 64 ans. Mère Adélaïde se donna à la tâche que le Seigneur lui assignait avec son activité habituelle, en femme d'ordre et d'administration. Elle visita et consolida les maisons et opéra plusieurs fondations : 1817, Richelieu. 1819, Saint Julien du Sault et Dampierre. 1820, Chateauneuf sur Loire. 1821, Château la Vallière, le Coudray et Ouzouer le Marché. Malgré son âge, les rigueurs des saisons et les lenteurs des voyages, Mère Adélaïde présidait à l'installation des établissements et visitait les sœurs pour les encourager dans leur mission. Elle-même ne jouissait que d'une santé médiocre et dut se reposer un temps à Amboise où l'air était plus salubre que celui du quartier de La Riche. En ces temps difficiles, elle opéra des miracles d'ordre et d'économie pour équilibrer un budget toujours précaire. A une époque où se faisait sentir la pénurie des sujets, elle se priva aussi des conseils et de l'appui de sœurs qualifiées pour pourvoir des postes, assumant seule un travail considérable.

Elle s'appliqua à maintenir dans la pureté de l'esprit primitif les Constitutions de la Congrégation : beaucoup d'exemplaires des "Règlements de Sainville" avaient disparu dans les bouleversements de la Révolution, elle sollicita leur réimpression de l'Archevêque de Tours qui les approuva et confirma le 9 avril 1820 sans rien retrancher ni ajouter "pour être pratiqués à perpétuité".

Mère Adélaïde avait été réélue pour un second triennat, le 18 octobre 1819. Mais dans le cours du mois de septembre 1821, ses forces déclinaient. Elle démissionna de la charge entre les mains de l'Archevêque de Tours. Cinq années de labeur obstiné avaient épuisaient son énergie. Voulant "achever ses jours dans l'exercice de la Charité", elle sollicita de réintégrer l'Hospice de Châtillon sur Loing. C'est là qu'elle mourut le 9 juillet 1822, âgée de 70 ans.


 

MÈRE SUZANNE († 1838 à Tours)

- 1821-1824 -


Après la démission de Mère Adélaïde, le Chapitre du 15 octobre 1821 donne sa confiance à Mère Suzanne, alors supérieure de Rozay en Brie. Cette femme de 55 ans n'est point une inconnue : très intelligente et de forte personnalité, une quinzaine d'années auparavant elle avait été le chef de file du parti de Châtillon. Née le 9 août 1766 à Cubry (Haute Saône) Anne Claude SYLVESTRE, professe d'avant la Révolution, appartenait à la génération des sœurs de Sainville. A sa sortie du noviciat, en 1785, elle fut envoyée à Meung sur Loire sous la direction de Sr. Honoré Deshaies à qui elle succéda en 1803. A cette date, elle participa au chapitre du 21 novembre à Janville. Dès le lendemain, elle proposait deux postulantes, employées à l'hospice de Meung, dont elle fut chargée, par dérogation spéciale, de la formation sur place. Sœur Suzanne n'approuvait pas le choix de Janville comme lieu de la Reconstitution. Son grand tort fut de communiquer sa désapprobation et de rallier un certain nombre de sœurs à ses vues, en dehors de l'autorité légitime de Mère Augustin. Quoi qu'il en soit de la souffrance alors ressentie par Mère Augustin, Sœur Suzanne avait racheté ses égarements par un grand dévouement et Mère Potentienne lui avait fait confiance en la chargeant de 1810 à 1813 de la direction de la communauté et du noviciat de l'Hôpital de Tours. Elle comprit vite que cette ville offrait à l'institut de grandes perspectives et en fit part à l'autorité. A l'époque du transfert de la Maison Mère, en 1813, elle fut envoyée à Rozay en Brie où elle se trouvait en 1821.

Supérieure générale, Sr. Suzanne reçut, Sr.Séraphie, comme secrétaire et Sr. Assomption comme Maîtresse des novices. M. Danicourt était toujours supérieur ecclésiastique délégué. Avec l'ardeur et la ténacité de son tempérament entreprenant, elle se mit à l'œuvre et réalisa de nouvelles fondations : En 1821, reprise de Blandy et fondation de Brienon dans l'Yonne. 1822, Saint Benoît sur Loire et Loudun. 1824, Chablis, Loches et la petite école de Château la Vallière. Elle sut garder à la Congrégation son orientation missionnaire de charité et miséricorde. Sa gestion fut des plus heureuse : elle aménagea intelligemment les locaux de la Maison Mère, acheta des immeubles contigus pour la développer, perfectionna la Maison de Santé mitoyenne, qui rendait d'immense service au quartier en permettant la formation hospitalière des novices. Son généralat fut une période dynamique : le recrutement du noviciat s'intensifia et la communauté des sœurs hospitalières de Chinon fusionna avec la Congrégation.

Sans qu'on en connaisse les raisons exactes, Mère Suzanne ne voulut point accepter le renouvellement de son mandat et démissionna entre les mains de Mgr. du Chilleau en septembre 1824. Elle était âgée de 58 ans. Elle se retira à Rozay en Brie, pour y reprendre son service de Sœur de Charité. En 1834, elle fut nommée supérieure à Amboise. Deux ans plus tard elle revenait à Tours, épuisée et vécut encore deux ans à la maison Mère dans une maladie de langueur et de cruelles souffrances. Elle mourut le 16 avril 1838 et fut inhumée au cimetière de la Riche. Elle laisse le souvenir d'une figure au relief accentué, capable de se tromper, mais plus encore de racheter et d'expier.


 

MÈRE ASSOMPTION († 1849 à Meung sur Loire)

- 1824-1843 -

 

Mère AssomptionMère AssomptionMarie Anne Nicole LASNAU naquit à Tours le 6 avril 1777. Elle attendit ses 25 ans pour solliciter son entrée au noviciat de Janville en 1811. Elle eut Sr. Pélagie comme Maîtresse des novices. A sa prise d'habit, le 28 juin 1812 elle reçut le nom de Sr. Assomption. Envoyée à Meung sur Loire, elle fut nommée économe et seconda la Supérieure : sœur des Anges, puis la remplaça après son admission au corps de la communauté en juin 1814. Elle demeura dans ce poste jusqu'en 1821. A cette date, le chapitre la nomme Maîtresse des Novices, charge qu'elle assumera durant le généralat de Mère Suzanne. Sa bonté souriante, sa sérénité et son ouverture d'esprit lui donnèrent d'exercer un véritable ascendant moral sur la jeunesse.

C'est au chapitre du 18 octobre 1824 qu'elle fut élue supérieure générale. Elle avait les qualités de sa terre natale, avec une certaine propension à l'indulgence, mais sous son gouvernement la Présentation ne perdit en rien son application au travail en vue du service de la Charité. En 1824, 145 sœurs, réparties en une quarantaine de postes, composaient la communauté. En 1843, lorsqu'elle quittera la charge, ayant ouvert 44 maisons, on dénombrera 290 sœurs. La Présentation était passée du simple au double. Mère Assomption développa la Présentation en Touraine, dans l'Orléanais et le Sud Ouest. Elle innova la présence dans le milieu urbain : Angers, Nantes, et surtout Paris. Il s'agissait comme dans le passé, d'établissements scolaires et hospitaliers, mais aussi de dépôts de mendicité, plus tard transformés en Asile de vieillards. Elle était bien dans l'optique de notre Mère Fondatrice lorsqu'elle écrivait : "Les indigents, c'est le fonds solide de notre trésor". Elle ouvrit les orphelinats de Tours et de Montauban (Miséricorde) dont la première supérieure fut Mère Saint Pierre, en 1835. La pénétration urbaine s'opéra par les services intérieurs (infirmerie et lingerie) des lycées et collèges de garçons. Elle répondit aussi à l'appel en faveur d'une colonie pénitentiaire de garçons, à Mettray, en Indre et Loire. Mère Assomption agrandit encore les bâtiments de la Maison Mère. Pourtant la surface habitable restait insuffisante. Elle acheta un terrain en dehors de la ville pour transférer cet établissement mais le choix ne fut pas heureux et aura des conséquences douloureuses sur le généralat suivant.

Il restait de l'appartenance dominicaine voulu par Marie Poussepin certaines observances extérieures : jeûnes, abstinences, récitation quotidienne des 7 psaumes de la pénitence. Leur exécution était laborieuse face aux tâches multiples. Mère Assomption obtint de Mgr de Montblanc, la commutation de ce dernier point de règle en un "miserere" quotidien. La grande innovation de ce généralat est sans doute l'introduction des vœux de Religion. Après consultation de l'ensemble des sœurs, Mgr de Montblanc décréta par ordonnance du 24 septembre 1838 l'instauration des vœux annuels de pauvreté, chasteté et obéissance, renouvelés chaque 21 novembre. Le changement de droit Canon rendait possible ce qui ne l'était pas à l'époque de Notre Mère Fondatrice.

A l'occasion de cette décision fut publié, en août 1839, le "Manuel des Sœurs de la Présentation". Il s'agit d'une sorte de Directoire des obligations de la vie religieuse en deux parties : I° des extraits des Règlements de Sainville. 2° un recueil de prières, office de la Sainte Vierges et exercices divers, dont la lettre de Saint Ignace sur l'obéissance. M. Bruchet, supérieur ecclésiastique depuis 1834, qui est pour une bonne part l'auteur de ce Manuel, signala à l'attention des sœurs vocales combien le vote par correspondance était peu conforme aux Constitutions. Il s'en suivi une ordonnance de Mgr. Morlot, datée du 22 août 1843, notifiant les nouvelles normes concernant les élections. Il était requis : la participation effective de toutes les supérieures locales, des conseillères en charge, ou l'ayant été si elles résidaient à Tours et abrogation du vote par correspondance.

Le Généralat de Mère Assomption connut ses heures d'épreuves : La Révolution de 1830, une terrible épidémie de Choléra qui dura 6 mois et durant lesquels les sœurs de la Communauté se dépensèrent avec une Charité héroïque. Parvenue à 66 ans, de santé affaiblie, Mère Assomption sentait que son œuvre était achevée. Elle avait donné le meilleur d'elle-même désormais, une présence plus jeune, plus dynamique était nécessaire pour la marche en avant de l'Institut. Après avoir déposé la charge, le 9 octobre 1843, elle se retira dans son ancienne maison de Meung sur Loire. Elle y retrouva les pauvres et les malades et y fit un grand bien par sa disponibilité, son accueil et sa paix. Elle mourût le 22 juillet 1849. Elle avait 73 ans. Elle repose au cimetière de Meung sur Loire."La pieuse Mère Assomption a doucement aplani les voies ; tout est prêt pour un magnifique essor : il va se produire".


 

MÈRE SAINT PIERRE († 1878 à Villenueve sur Lot)

- 1843-1858 -

 

Mère Saint PierreMère Saint PierreLe 9 avril 1803 naissait au foyer de Pierre Merlin et d'Anne Accault, une fillette, Françoise Apolline, qui deviendrait doublement orpheline avant ses 10 ans. Elle fut accueillie au Presbytère de M. le Curé Pierret, son parrain. La fillette reçut une excellente éducation, dans un milieu d'érudits, auprès d'un prêtre sensible et bon et son intelligence se développa en même temps que des aspirations à une vie hors du commun... "Auteur littéraire"... "Missionnaire", aspirations qu'elle confiait aux pages de sa grammaire ou charbonnait sur les piliers de l'église. Sa sœur aînée était entrée au noviciat de Tours et elle-même fréquentait la communauté des sœurs établie à l'Hôtel Dieu depuis 1812. Elle se joignait à elles pour "faire méditation et chanter l'Office" et son cœur était plein de compassion devant les misères et les souffrances qu'elle y rencontrait en visitant les malades. Un jour, elle résolut de répondre à l'appel du Seigneur et s'en ouvrit à son parrain. Il l'accueillit fort mal et lui refusa sa permission. Elle partit néanmoins, avec l'assentiment de son tuteur pour la Maison Mère de Tours, où elle fut accueillie par Mère Adélaïde. Elle prit l'habit le 22 juillet 1817, et reçut le nom de Sœur Saint Pierre.

Elle commença sa vie religieuse à l'Hôpital d'Amboise, et après son admission "au corps de la communauté, le 13 août 1821, fut envoyée à Saint Benoît sur Loire. Après un court séjour à Dampierre, elle revint à Amboise où elle dota l'hôpital d'une pharmacie, tout en se formant assidûment dans cette science. Elle fut ensuite appelée à la Maison Mère, au poste de sous Maîtresse du Noviciat et en 1831, on lui confiait la mission de se rendre à Richelieu pour fermer la maison qui périclitait. Ses initiatives retournèrent la situation : elle créa "la marmite des pauvres", organisa la visite des malades les plus isolés en entraînant des laïcs à sa suite et fonda la "maison hospitalière". En quatre ans elle avait donné de nouvelles raisons à notre présence en cette ville.

En septembre 1835 elle quitta Richelieu pour fonder à Montauban. "La miséricorde" commença dans un dénuement complet. Grâce à son dynamisme et à son esprit de foi, la petite communauté de trois sœurs en compta bientôt douze pour une mission qui dépassait le cadre de la ville avec : le vestiaire des pauvres, la visite des malades, les catéchismes et conférences aux adultes, l'accueil des réfugiés espagnols. Ses préférences allaient aux orphelines et aux enfants abandonnés. Elle mit en chantier un édifice destiné à les accueillir lorsque le chapitre de 1843 l'appela à Tours. En huit ans elle avait conquis toute la ville, en vivant tout simplement selon l'esprit de l'Evangile. Le 9 octobre 1843, à sa grande surprise et consternation, Sœur Saint Pierre fut élue, au 4ème tour de scrutin, supérieure générale de la Congrégation. Elle avait 40 ans. Femme de caractère en même temps que femme de cœur, elle était celle que réclamait l'heure présente, et le supérieur, M. Bruchet s'en félicita vivement.

Dans les dernières années de son généralat Mère Assomption avait dû réfréner des marques d'indiscipline intérieure et certaines libertés... Avec lucidité, Mère Saint Pierre constate une perte de vitalité spirituelle. L'un de ses premiers entretiens renseigne sur ses intentions. "Vous m'avez nommée, bien contre mon gré à une charge que je ne désirais nullement. J'y suis, j'en remplirai les devoirs quoi qu'il m'en coûte." Elle va reprendre en main une situation que le grand âge et l'indulgence de Mère Assomption n'avaient pu rétablir. Devant les abus, elle réagit en rappelant la pensée de la fondatrice, la Règle qu'elle a laissée. Elle réforme avec tact et sans brusquer personne. Pour connaître les maisons et les sœurs elle entreprend de voyager malgré les difficultés liées à la pauvreté. Pauvreté due à la situation économique de la France d'une part, et au projet de transfert de la Maison Mère d'autre part. Constatant l'insalubrité du terrain acheté par Mère Assomption elle dénonce le contrat d'achat et propose de construire sur le coteau de Saint Symphorien. C'est là qu'elle va édifier la Grande Bretèche, au milieu d'une grande solitude morale et de gros soucis financiers. L’avenir devait lui donner raison.

En quinze ans de généralat, elle va ouvrir 75 postes, surtout des « miséricordes » avec visite des pauvres, soins aux malades, classes populaires et cantines. Elle accepte aussi les services intérieurs des petits séminaires et collèges de garçons, l’œuvre nouvelle des fourneaux économiques, l’accueil aux jeunes filles de couleur à Ancizan. Au noviciat elle institue un cours de sciences religieuses, doublé de conférences hebdomadaires données par les aumôniers. Elle-même se charge des causeries à la communauté car elle a en vue la formation intégrale des sœurs. Elle ouvre, à côté de la Maison Mère, le pensionnat qui servira d’école d’application aux novices destinées à l’enseignement. Elle institue un cours normal (lettres et sciences) donné au noviciat par des universitaires tourangeaux. La formule jugée audacieuse ne pourra se poursuivre mais l’élan était donné. Elle envoie certaines sœurs suivre à Paris les cours de Madame Pape Carpentier, réputés pour leur contenu pédagogique. Enfin, elle crée le dispensaire de quartier, attenant à la Bretèche.

Supérieure générale, elle demeure sœur de Charité au cœur largement ouvert aux détresses : en 1849 et 1854, elle se met à la disposition des autorités de la ville pour lutter contre les épidémies de choléra. Au cours de l’exil à Amboise d’Abd El Kader et de sa famille, elle passe sur les oppositions de croyances et de mœurs pour accepter une mission de dévouement auprès des femmes et des enfants du chef arabe.

Son attachement à la Congrégation et à Marie Poussepin la pousse à rechercher passionnément les traces de notre Fondatrice en vue d’une plus grande fidélité. C’est d’abord le retour à Sainville. Elle y installe une petite communauté qui renouvelle avec la tradition scolaire et hospitalière en ce lieu. Avec M. Gervais, aumônier de la Maison Mère, elle recherche les souvenirs des origines et à la joie de découvrir la pierre tombale puis les ossements de Marie Poussepin. Elle essaie de reconstituer les Archives de la Congrégation et fait des recherches à Chartres qui lui permettront de rentrer en possession de pièces importantes, comme le Testament de notre Mère et l’acte de donation à Noëlle Ménard où Marie Poussepin affirme son projet de communauté dominicaine et ses intentions apostoliques et Charitables.

La rencontre providentielle entre le Père Lacordaire, restaurateur de l’Ordre en France, et la Mère Ludovic, lui permit le rapprochement avec l’Ordre des Frères Prêcheurs. Elle choisit saint Dominique comme patron secondaire de la congrégation et fait appel aux religieux de l’Ordre en certaines circonstances. Grâce aux anciennes sœurs qui en perpétuaient les traditions, on constate que l’esprit dominicain est demeuré latent dans la Congrégation. C’est malheureusement ce rapprochement, jugé inopportun ou mal compris, qui va être, en partie, la cause de la mise à l’écart de Mère Saint Pierre.

Peu avant les élections de 1858, un nouvel archevêque vient d’être nommé à Tours. Il ne connaît pas la Congrégation et est peu au courrant de ses affaires. Il prête l’oreille aux murmures de quelques sœurs mécontentes soutenus par un prêtre influent. Il convoque la Mère Générale à l’Archevêché. Sans qu’il lui soit possible de s’expliquer il lui demande de ne pas participer au prochain chapitre et l’invite à se retirer dans une maison de la Communauté, loin du gouvernement général de la Congrégation. Se sacrifiant pour l’institut, elle donne un témoignage de foi héroïque et de détachement total en quittant la Bretèche pour toujours. Elle se retire à Villeneuve sur Lot pour y vivre vingt ans une mission de dévouement et de service des pauvres et des malades en vraie sœur de Charité.

Elle meurt subitement à Villeneuve, le 30 octobre 1878, des suites d’un mal contracté au chevet des blessés de la guerre de 1870. Elle était âgée de 75 ans. Inhumé au cimetière de Villeneuve, son corps fut retrouvé intact après 45 ans. Ramené à Tours, il fut déposé dans la Chapelle de la Maison Mère où il repose depuis le 13 juillet 1923. Ce généralat à fortement marqué la Congrégation en ce qui concerne la question dominicaine. Mère Saint Pierre fut l’une des premières à dégager l’identité de la sœur de charité dominicaine, unissant à l’esprit apostolique de St. Dominique et aux observances monastiques, les pratiques de Charité propres à Saint Vincent de Paul.


 

MÈRE DU CALVAIRE († 1887 à Tours)

- 1858-1887 -

 

Mère Du CalvaireMère Du CalvaireLe 14 septembre 1858, Mère Saint Pierre ne pouvant être réélue, ce fut sur la personne de Mère du Calvaire que se portèrent la majorité des suffrages. Marie Angélique DRANCOURT était née le 3 juin 1819 au village de Saint Aubert prés de Cambrai. Elle perdit successivement sa Mère et son Père et se retrouvait orpheline dès l'âge de 10 ans. Précocement mûrie, la fillette fut confiée aux sœurs de la Charité de Cambrai. Là, elle fit sa première communion en 1831 et lors de sa confirmation elle adopta le nom de Charlotte. Passionnée de lectures sérieuses et dotée d'une excellente mémoire, elle dira plus tard : " C'est la lecture qui m'a appris le peu que je sais".

Cette formation d'autodidacte lui permit, dès l'âge de 16 ans de répondre d'une classe enfantine dans une institution de Cambrai. Tombant malade, elle fut soignée par un médecin qui lui fit découvrir les sœurs de la Présentation. Deux ans après, en octobre 1837, Marie Angélique entrait au noviciat de la Riche. Le 1er février 1838, elle était admise à la prise d'habit qui se déroula le 5 mars. Elle prit le nom de Sœur du Calvaire et fut envoyée à l'Hôtel Dieu de Saint Florentin où une école était annexée. A 19 ans, elle remplaçait la très compétente et expérimentée, Sœur Saint Maurice. Le 12 octobre 1840, elle fut admise à la profession mais l'année suivante, elle dût abandonner l'enseignement. Les fatigues et les labeurs avaient épuisés sa santé délicate. Après quelques mois de repos, elle fut envoyée à l'hôpital de Sens où elle fut chargée de la pharmacie. Elle y demeura jusqu'en 1843. A cette date, Mère Saint Pierre l'envoya à Villeneuve sur Lot pour y fonder et diriger le bureau de bienfaisance. Là elle multiplia les activités charitables (accueil d'orphelin, ouvroir, secours aux nécessiteux, particulièrement lors de la disette de 1852.) On disait d'elle : " Tout en elle attirait, captivait et révélait un esprit cultivé au service d'un grand cœur".

En 1853, Mère Saint Pierre lui confia la responsabilité de l'Hospice général de Tours. Fonction importante qui exigeait une bonne coordination avec les responsables de l'administration. Elle y vécut l'épidémie de Choléra de 1854, et l'inondation quasi-totale de la ville en 1856. Elle paya de sa personne, participant et veillant à l'organisation des secours tout en restant proche des malades. Conduisant la communauté de 32 sœurs, dans un hôpital de 1000 lits, Mère du Calvaire ne négligeait pas le travail de la Congrégation dont elle était devenue conseillère au chapitre de 1855. Elle était donc au courant des difficultés qui ébranlèrent la communauté à partir de 1857. Mère du Calvaire vécut alors des heures pénibles qui durent la meurtrir profondément dans son affection pour Mère St. Pierre.

Lorsqu'elle fut élue au chapitre de 1858, un long généralat de 30 années commençait. Fin 1858, Mère du Calvaire entreprend de poursuivre et d'achever le vaste projet d'aménagement de la Bretèche envisagé par Mère Saint Pierre. C'est d'abord, à l'Est, l'adjonction d'une aile parallèle à la chapelle (aujourd'hui, St. Dominique) dont les travaux sont achevés en 1859. En 1863, elle fait apposer, dans la Grande salle de communauté, deux plaques de marbre portant les noms des Mères générales à la suite de celui de Marie Poussepin. En 1868 Elle fait prolonger l'aile parallèle à la Loire, de l'autre côté de la chapelle. Enfin, elle fait édifier l'aile en retour d'angle, perpendiculaire à la Loire, pour y abriter le pensionnat. Ce bâtiment achevé en 1870 ne sera pas affecté à sa destination première. En raison des évènements, il servira, dès octobre 1870, à l'aménagement d'une ambulance recevant les blessés du front de la Loire.

Les fondations du généralat sont nombreuses et variées. Citons pour mémoire celle des Demoiselles du commerce sorte de société de secours mutuels qui prend en charge les jeunes employées, des grands magasins parisiens, lorsque la maladie les prive de leur salaire. En outre, elles peuvent participer à des activités de formation, culturelles ou ludiques. Dans les anciens hospices et dépôts de mendicité se met en place une initiative très intéressante : l'Hospitalité par le travail.

La nouveauté, c'est la mission hors des frontières française. En Espagne d'abord, avec la fondation d'Arenys de Mar en 1867. Ce premier élan est interrompu par la guerre franco prussienne de 1870. Après la fin du conflit, les fondations reprennent avec l'ouverture de l'hôpital Saint Jacques, à Paris; les orphelinats des Tanneurs et des Douets à Tours. L'essor missionnaire continue avec l'implantation en Colombie (Bogota) et en Irak (Mossoul) au cours de l'année 1873. La fin du généralat fut marquée par les persécutions des lois laïques. Celles-ci entraînèrent la conversion des écoles communales en écoles libres, dans un climat de tracasseries, de tristesse et d'hostilité. Durant cette période sombre moururent M. l'abbé Gervais (1882) ; Mgr. Colet, archevêque de Tours (1883) et M. Malmouche (1886).

En 1868, Mère du Calvaire eut la joie et l'honneur de recevoir à la Bretèche, le Père Jandel, Maître de l'Ordre, qui venait s'entretenir de la question dominicaine. Il n'y eut pas de solution dans l'immédiat. Par contre, la Mère générale, encouragée par Mgr. Meignan, avait repris le travail des Constitutions commencé par M. Gervais, en vue de la reconnaissance de droit pontifical. Le manuscrit fut présenté à Rome par M. le Chanoine Pouan, en 1884. Le 25 juillet 1885 fut promulgué le décret de louange. Enfin, le 22 avril 1887, les Constitutions furent approuvées et le 30 mai était signé le décret de reconnaissance pontificale. En même temps s'ouvrait à Rome, la maison de santé de la via Milazzo.

Malgré un état de santé préoccupant, le chapitre général de 1887 procéda à sa réélection. Un mois plus tard, l'aggravation de son mal l'obligea à s'aliter. Malgré la souffrance, elle garda jusqu'au bout sa lucidité et une grande paix. Elle mourut le jour de la Saint Charles, le 4 novembre 1887. Avant de remettre son âme au Seigneur, elle avait émis le désir "d'être enterrée comme les pauvres" et elle prié "qu'on garde, dans la communauté, l'esprit de simplicité et de pauvreté". Selon son désir, elle repose au cimetière de Saint Symphorien. La pierre tombale indique : qu'elle "a été de grande vertu et ornée de prudence ; les âmes qu'elle a conduites ont reçu de la solidité de sa sagesse des paroles toutes saintes". Les sœurs de Mossoul ont envoyé une plaque de marbre portant ces mots :" Sur les bords des fleuves de Babylone, nous avons pleuré en nous souvenant d'elle".


 

MÈRE JOSÉPHA († 1921 à Tours)

- 1888-1921 -

 

Mère JoséphaMère JoséphaPierrette MAROU naquit à Montauban, le 13 novembre 1839. Le jour de son Baptême célébré le 24 du même mois, elle reçut le second nom de Marie sous lequel on l'appela par la suite. Elle fut éduquée chez les sœurs noires. Elle avait une belle intelligence, un esprit net et positif et une volonté énergique. A la mort de son père, sa mère et son frère firent une vive opposition à son projet d'entrer au noviciat de la Présentation. Elle les quitta cependant en 1864 pour réaliser son dessein de vie religieuse. Elle avait 25 ans. Ce fut un noviciat pieux et sérieux. Déjà on remarquait chez cette postulante un regard profond, une personnalité accusée : "nature bouillante, impétueuse... j'allais dire impérieuse", écrira plus tard Mère Théophane, sa maîtresse des novices. Elle prit l'habit le 30 mai 1865 et reçut le nom de Sr. Josépha. Elle fut envoyée à Rozay en Brie. Elle assura la première classe jusqu'à sa profession qui eut lieu le 30 septembre 1867. Elle revint à Rozay et fut nommée supérieure de la maison. Par la suite elle y fonda le pensionnat qui devint florissant.

En 1875, elle commença, à Paris, les œuvres paroissiales de St. François de Sales : visites des pauvres, distribution de vivre, crèche, asile, classes gratuites, ouvroir...Sr. Josépha voyait grand. Femme de réalisation, elle donnait une vigoureuse impulsion à toutes les tâches qu'on lui confiait. En 1881, elle fut appelée à la maison Mère. En 1884, elle était secrétaire, conseillère et assistante. Au décès de Mère du Calvaire, ses éminentes qualités la désignèrent au choix des capitulantes et, le 10 avril 1888, elle fut élue supérieure générale. Dans sa première circulaire, Mère Josépha écrivait que la mission de la supérieure générale est de "donner son temps, ses forces, sa vie jusqu'à son dernier souffle". Elle réalisa pleinement ce programme durant 33 ans, au milieu de grandes difficultés.

Ancienne directrice des études, elle porta d'abord ses efforts vers les œuvres éducatives. Elle avait établi des programmes gradués pour les différents cours. Elle instaura des concours d'émulation entre les écoles, se fit envoyer des cahiers d'élèves et suscitait leur initiative. En 1900, lors de l'exposition universelle de Paris, une médaille d'Or fut attribuée à la Présentation pour la direction, l'organisation, la pédagogie, les concours généraux et les cahiers exposés par les élèves. Comme ses devancières, elle étendit le rayonnement spirituel de la Congrégation et essaima à travers la France. Souvent elle sillonnait les routes et franchit les frontières pour visiter les communautés. Elle eut plusieurs fois audience auprès de SS. Léon XIII. Dès 1893, elle reprenait les démarches pour solutionner la question de l'appartenance dominicaine. En 1897 se fut l'aboutissement avec le rescrit de Rome qui accordait à la congrégation, le titre de Sœurs de charité Dominicaines de la Présentation et reconnaissait la filiation " en vertu de sa création, de ses coutumes et observances régulières ininterrompues, en un mot, de son identité.

A la maison Mère, Mère Josépha agrandit la chapelle (tribunes et transepts). En 1897 elle y plaça les statues de ND du Rosaire, St. Dominique et Sainte Catherine de Sienne. Elle développa l'infirmerie. Au matin du siècle il y avait 100 postulantes. Mais les années sombres allaient commencer. Elles allaient voir l'affrontement entre le pouvoir civil et l'Eglise qui eut pour conséquence le maintien ou le renvoi des communautés selon qu'elles étaient ou non autorisées. Il y eut de nombreuses fermetures d'écoles car Mère Josépha prit une décision globale face à la sécularisation exigée : "Nous ne quitterons pas l'habit religieux. On nous chasse des écoles, nous ouvrirons des hôpitaux. Si nous sommes chassées de France, nous irons à l'étranger''. C'est ainsi que les lois d'expulsion permirent l'envoi de sœurs en Espagne, Colombie, Irak. On ouvrit des maisons en Angleterre, en Suisse, en Italie du Nord, et à la demande de nos frères dominicains, à Fall River aux USA. Bien que dotée d’une forte constitution, les incessants travaux et voyages, la nombreuse correspondance et les épreuves eurent raison des forces de Mère Josépha. Le 12 mai 1921 elle résilie sa charge. Sa santé s’altéra et elle décéda le 29 novembre 1921 au soir. Elle repose au cimetière de Saint Symphorien à Tours


 

MÈRE LEÓN JOSEPH († 1943 à Tours)

- 1921-1939 -

 

Mère León JosephMère León JosephAlexandrine Eléonore PERRIN est née à Bourges (Cher) le 2 novembre 1864, cinquième enfant d'une famille de Médecins. Sa mère, très cultivée, surveille ses études et lui communique sa grande piété. Se trouvant à Tours, elle rencontre l'abbé Lefay, aumônier de la Grande Bretèche. De ce contact date pour elle une direction spirituelle qui va durer un demi-siècle. Pourtant se n'est pas sans mal que, le 29 mars 1893, elle entre au noviciat de la Bretèche. Elle prendra l'habit le 4 mars 1894 sous le nom de sœur Léon Joseph. En juillet de la même année elle passe le brevet élémentaire.

Mère Josépha distingue cette novice, très pieuse, très obéissante et très attachée à sa vocation. Elle la sait douée et l'envoie à Paris, rue de Clichy pour l'école professionnelle qui comporte une trentaine d'élèves. Elle assure aussi le catéchisme de persévérance aux orphelines, la visite des parents et diverses démarches. Le 10 septembre 1896, elle est admise à la profession et reprend son emploi rue de Clichy, jusqu'en 1899 où elle est nommée supérieure à Montauban, en remplacement de Mère St. Jean de Dieu. Cette maison est un centre d'attraction pour la paroisse. Sous l'impulsion de Mère Léon Joseph, elle le devint plus encore. Elle organise des réunions pour les jeunes filles de la société : l'Association Sainte Germaine, un foyer pour étudiantes et employées. Plus tard cette maison va devenir le regroupement des œuvres féminines du diocèse. En décembre 1908, elle est rappelée à la Bretèche comme secrétaire générale. En 1914, elle est élue assistante et va assurer auprès de Mère Josépha une dévouée collaboration de 14 années, avant de lui succéder comme supérieure générale le 24 mai 1921.

Mère Léon Joseph va gouverner la Congrégation durant 18 ans et marquer la congrégation de son empreinte : une haute tenue religieuse, une vitalité croissante, une dynamique d'expansion missionnaire. Elle conduit l'institut dans sa ligne originelle, fidèle à l'esprit de Marie Poussepin, pour laquelle elle professe un culte ardent. Sa lucidité d'esprit, son jugement ferme, sa facilité d'adaptation lui permettent de se mouvoir à l'aise dans l'administration. Elle possède plus encore un sens surnaturel: la recherche de la volonté de Dieu qui la guide en tout ce qu'elle entreprend. C'est ainsi qu'elle aborde les problèmes en toute sérénité et ne donne jamais l'impression de précipitation ni d'accablement. Cette grande maîtrise d'elle-même, jointe à une sobriété de paroles exerce un réel ascendant sur ceux qui l'approchent. Le zèle de la gloire de Dieu la pousse à entreprendre de grandes choses : voyages lointains dans des conditions encore difficiles, fondations à l'étranger, séjours à Rome pour la poursuite de la cause de Marie Poussepin.

A la Grande Bretèche, elle aménage le bâtiment Saint Joseph, fais transformer l'enclos (1923). Cette même année a lieu le transfert des restes de Mère Saint Pierre depuis Villeneuve sur Lot. C'est celle aussi de son voyage en Colombie à l'occasion du cinquantenaire de la fondation. Elle y restera 6 mois. En 1928, elle entreprend la visite des Mission de Mésopotamie. Elle mesure sur place le prestige des sœurs auprès des musulmans et des anglais : durant la guerre, les sœurs ont crée le service de santé et sauvé les prisonniers. Elle est frappée de l'influence des sœurs sur les femmes irakienne dont elles favorisent la promotion.

L'Année 1929, voit l'entrée en vigueur des nouvelles Constitutions tandis que l'Académie Française attribue le Prix Monthyon à la Congrégation, pour la supériorité de son enseignement dans les établissements d'Amérique et d'Orient. En 1930 est créée la nouvelle Province Latino-américaine de Medellin, tandis que 1933, ouvre en Espagne une suite d'année douloureuses. Lorsqu'en 1936 la Révolution éclate, 121 sœurs sont forcées de fuir à l'étranger. La même année, en France, les troubles politiques et l'avènement du Front Populaire" obligent le Noviciat à chercher refuge en Suisse pendant plusieurs mois.

En 1938 les longues et laborieuses recherches historiques et archivistiques du Père Théry op, entreprises à la demande de Mère Léon Joseph aboutissent à la publication des deux gros volumes 'Recueils des actes de la Vénérable Marie Poussepin". En 1939, elle aura la joie de voir la reprise des maisons d'éducations et collèges d'Espagne, après la pacification du pays. Mais bientôt, en France, ce sera à nouveau la guerre.

Ces 18 années de travaux continus et les nombreux voyages et visites de maisons ont épuisés sa santé. Elle décide de résilier la charge au chapitre prévu pour le 24 mai 1939. Pour autant son épreuve n'est pas achevée. C'est la déclaration de guerre. L'invasion du territoire et l'occupation de la France. L'obligent à se mettre à l'abri à Montbeton où elle séjourne jusqu'en août 1940. Rentrée à la maison Mère, elle va y passer 3 années dans l'inaction et les souffrances. Elle édifie son entourage par sa patience et l'offrande de tout pour la Présentation. Au soir du 15 février 1943 le Seigneur vint la prendre dans la 79ème année de son âge et la 49ème de sa vie religieuse. Mgr. Gaillard, archevêque de Tours dira dans son éloge funèbre : « Elle était magnifiquement prête à recevoir le signal de la rencontre et à redire du fond de son cœur, le mot d'ordre de toute sa vie religieuse "Ecce Ancilla Domini". »


 

MÈRE THÉRÈSE AUGUSTA († 1966 à Tours)

- 1939-1959 -


Mère Thérèse AugustaMère Thérèse AugustaMarie Paule Germaine Rose MALRIEU est née à Amboise le 30 juillet 1884. Elle est la 3ème d'une famille de cinq enfants. Par suite du décès prématuré de sa mère, en 1889, elle est confiée à sa grand-mère et à ses tantes ainsi que sa sœur Jeanne plus jeune de 18 mois. Les deux fillettes fréquentent le pensionnat St. Louis de Gonzague dirigé par les sœur de la Présentation. Elles y laisseront le souvenir d'élèves exceptionnelles, au travail irréprochable et très douées. En 1899 elle passe le brevet élémentaire. Le 11 novembre 1905, elle entre au Noviciat de la Bretèche. Volontaire, énergique et organisée, ayant déjà goûté aux responsabilités, le temps du Postulat lui a apporté l'atmosphère de silence et de prière à laquelle elle aspirait. Elle prend l'habit le 21 novembre 1906 et reçoit le nom de Sr. Thérèse Augusta. Elle est envoyée comme enseignante au pensionnat de Rozay- en Brie et y demeure jusqu'en 1907, date à laquelle elle revient à la Communauté pour préparer l'examen du Brevet supérieur. En 1908 et 1909, elle est responsable d'une classe au pensionnat de la Bretèche. Le 2 octobre 1909 après sa profession, elle est nommée sous-maîtresse au noviciat. Elle marquera profondément les novices humainement et spirituellement. En même temps, elle approfondit sa formation doctrinale par l'étude, la lecture et l'oraison. A Pâques 1925, Sr. Thérèse Augusta est nommée maîtresse des novices. En 1932, elle est appelée à remplacer Mère Jeanne du Sacré Cœur au sein du Conseil général, décision qui sera ratifiée l'année suivante par le chapitre général. En 1932, elle accompagne Mère Léon Joseph à Rome, puis fait la tournée des communautés d'Algérie, du Maroc et d'Espagne. En 1934, elle visite Fall River et en 1936 elle gagne l'Amérique latine pour un long périple où elle va tomber gravement malade. Elle constatera néanmoins la vitalité des œuvres en plein essor.

A l'heure où le monde entier allait entrer dans l'un des plus grands cataclysmes de l'histoire, le chapitre général du 24 mai 1939 élit Mère Thérèse Augusta, supérieure générale. La guerre éclata le 3 septembre. A la maison Mère on organise une ambulance de 200 lits. En mai 1940, c'est l'offensive: douze millions de civils fuient sur les routes. On organise le départ des sœurs âgées et des postulantes. Bientôt, les novices prennent la route de l'exil vers Lourdes. Le 16 juin 1940, une torpille s'écrase dans le jardin de la Bretèche. Le Conseil général, à son tour quitte Tours pour Montauban. Le retour se fera le 11 juillet. Après l'armistice, la France est coupée en deux zones. Deux sœurs sont tuées, à Nantes et à Beauvais, victimes des bombardements. Les communications sont impossibles. La pénurie s'installe. 

Cependant la loi de septembre 1940 autorise la reprise de l'enseignement congréganiste et permet l'ouverture de 35 petites écoles. En 1942 cela oblige à une modification des statuts et à une formation accélérée de sœurs enseignantes. En 1943, eut lieu la Fusion avec la Congrégation des sœurs de Sainte Anne de Feugarolle. 1944, nouvel exode pour Benais. La Bretèche étant réquisitionnée par les Allemands, il faut vider la maison, à l'exception de la Chapelle où seront apposés les scellés. En octobre, après la libération, les sœurs la retrouveront mutilée, souillée mais debout. Cette même année voit l'ouverture d'un noviciat en Espagne. Dès 1945, Mère Thérèse Augusta entreprend la visite des pays dont elle est sans nouvelles.

Des transformations s'opèrent. L'accent est mis sur la formation dans tous les domaines. 1951, voit l'ouverture, à la Bretèche, d'un centre d'éducation féminine. En 1954, nouvelle fusion avec les sœurs de la Congrégation Notre Dame de Manosque. Conjointement, deux nouvelles Province naissent en Colombie : Manizales et Bucaramanga. Suivie en 1957, de l'érection de la Vice province d'Asie. La même année on procéda à une modification des Constitutions. 1958 : ouverture d'une école d'infirmières à Marseille – Prado. De nouvelles structures se mettent en place : 1958, érection des Provinces France Nord et France Sud. 1959, érection de la Province d'Espagne. Cette décentralisation voulue par Rome va avoir une influence sur la formation dont la responsabilité passe aux gouvernements provinciaux. C'est aussi en cette année 1959 que s'activeront les travaux de préparation à l'agrégation dominicaine.

La réélection de Mère Thérèse Augusta en 1953, avait nécessité l'autorisation du Saint Siège, en 1959, après 20 ans de généralat, elle déposa la charge tout en continuant à assurer au sein du conseil général, le rôle de vicaire. En 1962, elle reçut la Légion d'Honneur qui lui fut accordée au titre de l'influence de la culture et du rayonnement de la France à l'étranger. L'esprit de sagesse, d'équilibre et de prudence de Mère Thérèse Augusta, son amour de la Règle et de la vie intérieure, ont fortement influencé la Présentation qu'elle gouverna dans des années difficiles. Elle manifesta toujours une sérénité et une possession d'elle-même à l'image de sa paix intérieure et de sa force d'âme. Ses forces déclinant elle mourut à Tours le 25 juillet 1966.


 

MÈRE THÉRÈSE DES ANGES († 1992 à Tours)

- 1959-1971 -

Mère Thérèse des AngesMère Thérèse des AngesIrène Louise Marie HAGUENIER naquit le 17 avril 1903 à Villers-Cotterêts dans l'Aisne. Entrée à la Présentation pour réaliser une vocation dominicaine, elle prit l'habit le 28 août 1924 et fit ses premiers vœux le 28 août 1925. Elle commença sa vie religieuse à Wokingham (Angleterre) où elle arriva pour enseigner la musique. Présenta à la maison Mère en 1939, il était question pour elle d'un départ pour le Moyen-Orient. La guerre en décida autrement et c'est vers la Colombie qu'elle partit à cette époque. Le voyage fut semé d'embûches et de périls.

Durant sept ans, elle dirigea le collège du centre à Bogota, puis fut choisie comme Provinciale de Medellin où elle demeura 10 années. Elle donna une vigoureuse impulsion à la province qui comptait alors 17 années d'existence. Elle débordait de dynamisme et de vitalité. Dans l'intérêt de la Congrégation elle poussa les sœurs à compléter leurs études d'enseignantes ou d'hospitalières afin de mieux servir. Elle ouvrit une école d'infirmières, créa la clinique du Rosaire, aménagea la maison Provinciale et modernisa les œuvres, sachant s'adapter à son temps, ouverte à l'avenir et aux besoins de l'Eglise.

Après quelques mois passés à Reading pour lancer une nouvelle fondation, elle revint en France, au moment où se mettaient en places les nouvelles structures. Elle fut nommée Provinciale de France Nord et installa la Province au 106, rue de Vaugirard à Paris. Le 24 mai 1959, elle succédait à Mère Thérèse Augusta comme 14ème supérieure générale de la Congrégation. Les mutations du monde et de l'Eglise qui commençaient timidement vont déferler sur ce généralat qui coïncide avec le concile Vatican II d'une part et les évènements de Mai 68, en France, d'autre part.

Son mandat débute par L'AGREGATION AVEC L'ORDRE DOMINICAIN. Les efforts déployés depuis Mère Saint Pierre jusqu'à nos jours voient enfin leur aboutissement. Cet évènement n'entraîne aucune modification des statuts et Constitutions. La situation juridique de l'Institut reste inchangée. Seul l'habit sera modifié. Nous adoptons le voile, la tunique et le scapulaire.

Dans son ardent désir d'ouverture et son amour de l'Eglise notre Mère Générale entre dans la perspective d'AGGIORNAMENTO voulu par SS. Jean XXIII. Elle y entraîne les sœurs et investi dans toutes ses entreprises le dynamisme et la volonté qui la caractérise. L'urgente nécessité de préparer les sœurs à des tâches nouvelles lui font mettre l'accent sur LA FORMATION. En 1963, elle ouvre un juniorat et procède à la rénovation des programmes d'études du noviciat (théologie, Bible, spiritualité, anthropologie, métaphysique etc.) Le temps de formation est prolongé et on instaure des stages d'initiation pour les postulantes et les novices. Les formatrices suivent les cours de "Forma Grégis" et un grand nombre de sœurs sont engagées dans des études théologiques, bibliques, professionnelles et techniques.

Dans la ligne du RETOUR AUX SOURCES, Marie Poussepin est proposée comme l'idéal que toute sœur doit regarder et imiter. En 1963, reprennent les démarches en vue de la Béatification de notre Mère. De nouvelles recherches nécessitées par la rédaction de la positio sont entreprises. En 1964, la commission historique locale est instituée. Et le centre de documentation et d'histoire crée. En 1968-69, a lieu la reconstitution du cadre des origines à Sainville. Enfin en 1969 elle convoque et préside, à Rome, le chapitre d'aggiornamento qui sera repris en 1971. Le but : redonner une vive impulsion à la vie religieuse et missionnaire de la Congrégation pour un meilleur service de l'Eglise et du monde.

Au plan des structures, elle crée les Vice province des Etats-Unis (1961) et d'Italie Suisse (1966). La Province France Centre en 1968. C'est cette même année qu'elle installe la résidence généralice à Rome. En réponse aux appels de l'Eglise elle fonde: en Equateur (1959). Chili (1960). Burkina Faso (1961). Porto Rico (1962). Panama (1963) Liban et Israël (1964) Pérou-Bolivie (1965) et l'Inde (1971).

Son mandat terminé, Mère Thérèse des Anges resta quelques années à la Bretèche. Elle se consacra à la publication de "In Ecclésia". Tout en organisant et donnant des cours d'anglais et d'espagnol aux sœurs, elle dirigeait de nombreuses et passionnantes activités de formation permanente. En 1980 elle rejoignait la communauté du 310 rue de Vaugirard où, dans le silence et la prière, l'accueil et la correspondance fidèle et nombreuse, elle poursuivit une mission fructueuse pour la Congrégation. De santé fragile elle était tenue à quelques précautions. Le 17 mai 1990, une aggravation de son état l'obligea à regagner la nouvelle infirmerie de la Bretèche. C'est là que le Seigneur vint la chercher le 28 août 1992. Elle avait exactement 67 ans de vie religieuse.


 

MÈRE MARIE SAINTE THÉRÈSE († 1998 à Tours)

- 1971-1979 -

 

Mère Marie Sainte Thérèse avec Paul VIMère Marie Sainte Thérèse avec Paul VISimone ODIEVRE, née au Havre (Seine Maritime) le 17 décembre 1913, entra au Noviciat à la fin de l'hiver de 1942, en pleine guerre. A sa prise d'habit, le 28 août 1943, elle reçut le nom de Sœur Marie Sainte Thérèse. A partir de mars 1944, elle vécut l'exil à Benais où la communauté s'était repliée pendant l'occupation de la Bretèche par les Allemands. Malgré les difficultés, le 28 août 1944 eut lieu, dans la plus stricte intimité, la cérémonie de Profession. Après sa profession, selon l'usage de l'époque, elle passa quelques mois à la Bretèche retrouvée dès la mi-octobre 1944, puis fut envoyée à Marseille, au foyer de Jeunes filles de la rue Marengo.

En 1950, elle revint au Noviciat comme sous maîtresse et le demeura jusqu'en 1957 où elle fut nommée Maîtresse des novices en remplacement de Mère Saint Jean de Dieu. Elle assura cette charge jusqu'en 1965, date à laquelle elle est nommée assistante, chargée de la formation, au sein du Conseil général. En 1970 elle est envoyée comme visitatrice en Amérique latine et aux USA. C'est au chapitre général de 1971, qui se tient à la Grande Bretèche, qu'elle est élue Supérieure générale. Court, son généralat s'inscrit dans la période post-conciliaire où la vie religieuse est confrontée au grand mouvement de sécularisation. Notre vie doit s'adapter au monde présent sans rien perdre de sa force d'interpellation évangélique. Les grands thèmes seront :
 
  • Coresponsabilité : avec la relation autorité-obéissance.
  • Formation : avec trois lignes de forces : insistance sur notre identité dominicaine. Insistance sur la communauté formatrice. Insistance sur l'unité et la continuité du processus de formation.
  • Mission : Le souci d'évangélisation reste premier quelles que soient les activités professionnelles et le mode d'insertion des communautés.
Durant ce mandat, se développent la présence des sœurs en milieu salarié et l'habitat en "implantations" au cœur des cités. Mais, LA GRANDE ŒUVRE DU GENERALAT restera l'élaboration de NOUVELLES CONSTITUTIONS. Le Concile le demande. En fidélité au projet de Marie Poussepin, elles doivent exprimer clairement ce que nous, Sœurs de Charité Dominicaines de la Présentation, nous voulons être et vivre dans cet aujourd'hui. La refonte générale de notre chemin d'Evangile va se faire par étapes :
 
  • 1971: Parution des Constitutions "ad expérimentum" élaborées à partir des éléments proposés par le Chapitre de 1969.
  • 1975: Consultation générale des sœurs.
  • 1977: Création d'une commission de rédaction en vue d'une étude par le chapitre général.
  • 1979: Aboutissement de ce long et minutieux travail avec l'adoption par le chapitre général du texte définitif des nouvelles Constitutions.

Parallèlement à ce travail de rénovation spirituelle, en 1973, après la visite de la Vice province des USA, Mère Marie Sainte Thérèse eut la joie de fêter le centenaire de l’arrivée des sœurs en Colombie. Elle participa aux différentes manifestations organisées dans les provinces. Les festivités furent clôturées par la célébration du CGE de Bogota. L’anniversaire de l’arrivée des sœurs en Irak du être retardé en raison des événements du Moyen Orient. C’est donc en 1974, que Mère Marie Sainte Thérèse se rendit à Bagdad pour participer à des festivités empreintes d’action de grâce et de simplicité.

L’année 1975 fut marquée par la célébration, à Rome, du chapitre général, l’érection de la Province des Etat Unis, et une fondation au Curaçao. Suivirent les fondations : au Salvador, en 1976 et au Mexique, en 1979. 1976 fut une année de visites aux communautés : Dighton, Haïti, Puerto Rico et Colombie. Puis l’Inde et le Moyen Orient. En 1977 eut lieu le CGE de Dighton. Soucieuse de notre fidélité au charisme, elle inaugure, en 1978 le mois international « Histoire et Charisme de Marie Poussepin » prémices de ce qui deviendra le CEMP.

Déjà se profile à l’horizon le Chapitre général qui en juillet et août 1979, se tiendra à Rome. Elle se prépare à passer le flambeau à celle que le Seigneur choisira. Après avoir laissé la charge, elle est envoyée en Suisse où elle exerce sa mission de supérieure locale jusqu’en 1986 date à laquelle elle revient à la Bretèche comme secrétaire de la Maison Mère. Quelques année plus tard, la maladie commence son œuvre, mais elle se maintient à la tâche jusqu’à ce qu’une fracture consécutive à une chute la conduise à l’infirmerie où après de longs mois de souffrance silencieuse elle nous quittait en la veille le l’Ascension, le 21 mai 1998. Mère Marie Sainte Thérèse fut simple, humble et pauvre. Sous les apparences d’une certaine froideur et distance, faite de rectitude et de sens du devoir, se révélait, avec pudeur, une vraie sensibilité faite de délicatesse et d’attention envers chacune dans un respect de sa liberté. Avec elle, les leçons s’apprenaient souvent sans paroles : il suffisait de la voir vivre.


 

SOEUR INÉS MERCEDES MEJÍA TORO († 2011 à Tours)

- 1979-1994 -

 

Soeur Inés Mercedes (au centre) peu de temps après avoir été élu, avec Mère Marie Sainte Thérèse (à droite) et Mère Thérèse des Anges (à gauche)Soeur Inés Mercedes (au centre) peu de temps après avoir été élu, avec Mère Marie Sainte Thérèse (à droite) et Mère Thérèse des Anges (à gauche)Inès Mercedes MEJIA TORO, est née à Sonson (Colombie) le 3 avril 1933. Elle entra dans la communauté en 1951 et fit profession le 3 février 1954. Après diverses obédiences au titre de l'éducation et de la formation et un séjour en France pour des études religieuses, elle fut nommée maîtresse des novices de la Province de Manizales et assura cette fonction de 1969 à 1974. Elle fut alors élue Provinciale et le demeura jusqu'en 1979 où le chapitre général donna à la Congrégation la première supérieure générale colombienne. D'entrée de jeu, et durant les quinze années de ce généralat, Sœur Inès Mercedes rappelle que « comme congrégation nous existons en vue de la Mission ». Pour réussir cette tâche « la formation structure la personne en communauté et garanti la qualité de notre vie en Eglise. »

Le service de la charité et l'engagement envers les pauvres demandent une révision de l'administration et de la structure de la congrégation. Au plan administratif: le secrétariat général et l'économat général sont réorganisés. Le fonds commun congrégation est crée. Au niveau du gouvernement : la durée des charges est modifiée et passe de 4 à 5 ans. De nombreuses Provinces et Vice provinces sont érigées ou recoupées en vue d'une plus grande vitalité spirituelle et d'une meilleure qualité des engagements apostoliques. Le champ missionnaire s'élargit à 12 nouveaux pays et 129 fondations nouvelles sont ouvertes. Un réel souci de Communion entraîne la création d'un réseau de liens et d'informations entre les sœurs. Ainsi, les communications à la Congrégation viennent compléter les traditionnelles "circulaires". Le service Informations Congrégation (SIC) est crée. Il tient chacune au courant de ce qui fait la vie des communautés. Le succès de la session "Histoire et Charisme" de 1978 appelait un prolongement. Deux initiatives sont prises en ce sens : les ressourcements 1981 et la création du Centre d'études Marie Poussepin. Comment exprimer la richesse de ce grand généralat en quelques lignes ? Précisons que la réalisation de ces objectifs s'est appuyée constamment sur les exemples et l'intuition de Marie Poussepin. Notons aussi la ténacité et le soin attentif porté par Sr. Inès Mercedes à l'aboutissement de la cause de Béatification. Elle verra tous ses efforts couronnés par la Célébration du 20 novembre 1994, présidée par SS. Jean Paul II, en la Basilique St. Pierre de Rome.
 

Son troisième mandat terminé, en 1994, Sr. Inès fut nommée directrice du CEMP où elle assura cette tâche avec passion, à la Bretèche d’abord, puis à Sainville. Prieure de la communauté elle prend part à la pastorale diocésaine et paroissiale. 

En l’année 2010 elle eut à souffrir quelques accrocs de santé qui nécessitèrent, en mars 2011, une hospitalisation à la clinique de l’Alliance à Tours. C’est là que le Seigneur vint la prendre le 29 avril 2011 à 22h30, en fête de Sainte Catherine de Sienne. Elle a tout donné au Seigneur et à la Congrégation. Elle repose au milieu de ses sœurs au cimetière de Saint Symphorien, à Tours.


 Texte: Soeur Dominique du Christ

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